Lorsque plusieurs personnes partagent la propriété d'un bien immobilier dans le cadre d'une indivision, la question de l'assurance habitation se pose rapidement. Cette configuration juridique, courante après une succession ou un divorce, nécessite une organisation rigoureuse pour protéger les intérêts de chaque copropriétaire. Pour éviter les blocages et simplifier la gestion du contrat d'assurance, le recours à un mandataire s'avère souvent indispensable. Ce représentant désigné par les indivisaires facilite les démarches administratives et assure le bon suivi du contrat tout en veillant à la répartition équitable des charges.
Le mandataire en indivision : définition et missions dans la gestion de l'assurance
Qu'est-ce qu'un mandataire et comment est-il désigné par les indivisaires
Dans le contexte d'une indivision, un mandataire représente un interlocuteur privilégié chargé de faciliter la gestion collective du bien immobilier. Conformément aux dispositions du code civil, notamment les articles 815 à 842, cette personne peut être désignée de différentes manières. Les copropriétaires indivis peuvent choisir ensemble un mandataire lors d'une décision collective nécessitant généralement une majorité qualifiée des deux tiers des parts. Cette désignation peut également être effectuée par le juge en cas de désaccord entre les indivisaires ou lorsque la situation nécessite une intervention judiciaire pour débloquer la gestion du patrimoine commun. Une troisième possibilité existe lorsque le défunt a anticipé cette situation en désignant un mandataire par mandat notarié posthume, valable pour une durée de deux ans renouvelable.
La désignation formelle d'un gestionnaire présente de nombreux avantages pratiques. Elle permet d'éviter que chaque décision concernant l'assurance habitation ne nécessite la signature de l'ensemble des indivisaires. Dans le cadre d'une succession entre héritiers ou d'un achat conjoint, cette organisation facilite considérablement les échanges avec les compagnies d'assurance comme la MAIF, la MACIF, AXA, Groupama ou encore Allianz. Le mandataire agit au nom de tous les copropriétaires et centralise les communications, ce qui évite les retards ou les malentendus qui pourraient compromettre la protection du bien.
Les pouvoirs du mandataire dans la souscription et la gestion du contrat d'assurance
Le mandataire détient des pouvoirs étendus pour gérer le contrat d'assurance habitation du bien indivis. Il peut entreprendre des actes d'administration, qui selon l'article 815-3 du code civil, nécessitent normalement l'accord de la majorité des deux tiers des indivisaires. Une fois désigné, il dispose de la légitimité pour souscrire une assurance multirisque habitation ou une assurance propri<00e9>taire non occupant selon la situation du logement. Ces contrats couvrent généralement les risques d'incendie, de dégâts des eaux, de catastrophes naturelles, ainsi que la responsabilité civile, protégeant ainsi l'ensemble des copropriétaires contre les conséquences financières d'un sinistre.
Le mandataire peut également effectuer des actes conservatoires, qui selon la jurisprudence de la Cour de cassation, notamment l'arrêt du 28 mai 2020, peuvent être réalisés par un seul indivisaire sans accord préalable des autres. Cette catégorie d'actes vise à préserver le bien immobilier et à éviter sa détérioration. Dans ce cadre, le mandataire peut renouveler un contrat d'assurance arrivant à échéance ou souscrire une couverture d'urgence si le bien se trouve temporairement sans protection. Il a également la possibilité de modifier les garanties essentielles du contrat pour s'adapter aux évolutions du bien, comme lors d'une mise en location ou lorsque le logement devient vacant. Pour les décisions plus importantes, comme un changement radical de formule d'assurance ou une résiliation anticipée, l'accord de la majorité qualifiée des indivisaires reste nécessaire, conformément aux règles de gestion collective imposées par le droit des successions.
La souscription du contrat d'assurance habitation par le mandataire
Les démarches administratives et documents nécessaires pour assurer le bien
Lorsque le mandataire entreprend la souscription d'une assurance habitation pour un bien en indivision, plusieurs documents administratifs s'avèrent indispensables. Il doit d'abord se munir d'une attestation d'indivision, généralement délivrée par un notaire, qui certifie la situation juridique du bien et précise les quotes-parts de chaque copropriétaire. Ce document constitue la base légale permettant à l'assureur de comprendre la structure de propriété et d'établir le contrat au nom de l'indivision plutôt qu'au nom d'une seule personne. L'attestation notariale détaille également les droits de chaque indivisaire, informations cruciales pour déterminer la répartition des primes d'assurance.
Le mandataire doit ensuite rassembler les informations techniques concernant le bien immobilier. La surface du logement, le nombre de pièces, la localisation et les caractéristiques de construction sont des éléments déterminants pour calculer le montant de la cotisation. Si le bien est destiné à la location, des informations sur le locataire seront également requises, car dans ce cas, une assurance PNO pour les copropriétaires complète l'assurance habitation souscrite par le locataire. Les compagnies comme le Crédit Agricole Assurances, la Matmut ou GMF proposent des formules adaptées à ces différentes situations. Pour un logement de 25 mètres carrés avec un capital mobilier inférieur à 10 000 euros et un capital objets de valeur inférieur à 5000 euros, les cotisations peuvent débuter à partir de 55,46 euros TTC annuels, avec une première mensualité de 10,58 euros puis onze mensualités de 4,08 euros, incluant une franchise de 500 euros et une responsabilité civile limitée à 6 000 000 euros.
Le mandataire doit également présenter un mandat écrit signé par l'ensemble des indivisaires ou par la majorité des deux tiers si cette modalité a été prévue dans une convention d'indivision. Ce document prouve à l'assureur que le mandataire dispose bien de l'autorisation d'agir au nom de tous les copropriétaires. La Banque Postale Assurances et d'autres compagnies spécialisées vérifient systématiquement cette légitimité avant d'établir le contrat. Une fois tous les documents rassemblés, le mandataire peut comparer les offres et sélectionner la formule la plus adaptée, qu'il s'agisse d'une assurance multirisque habitation complète ou d'une assurance PNO pour un logement vacant ou loué, cette dernière étant obligatoire selon la loi Alur pour les biens en copropriété.
La répartition des cotisations entre les copropriétaires indivis
La répartition des primes d'assurance entre les indivisaires suit un principe de proportionnalité basé sur les parts de propriété de chacun dans le patrimoine commun. Si un copropriétaire détient 50 % des parts du bien immobilier, il devra prendre en charge 50 % de la cotisation annuelle. Cette règle s'applique automatiquement, même en l'absence de convention d'indivision formalisée. Le mandataire joue un rôle central dans l'organisation de cette répartition, en calculant précisément la contribution de chaque indivisaire et en assurant le recouvrement des sommes dues auprès de chacun.
Deux modalités principales existent pour gérer financièrement les cotisations. La première consiste en un paiement unique au nom de l'indivision, où le mandataire règle directement la prime totale à l'assureur, puis se fait rembourser par chaque copropriétaire selon sa quote-part. Cette méthode simplifie les relations avec la compagnie d'assurance et garantit que le contrat reste actif sans interruption. La seconde approche prévoit des paiements proportionnels répartis entre les indivisaires, où chacun verse directement sa contribution à l'assureur ou au mandataire. Cette organisation nécessite une coordination plus rigoureuse mais responsabilise davantage chaque copropriétaire.
Pour un bien inoccupé nécessitant une assurance propri<00e9>taire non occupant, les tarifs débutent généralement à partir de 4 euros par mois selon certaines offres du marché. Dans une situation de succession où plusieurs héritiers se partagent un bien transmis sans testament ni donation spécifique, la gestion des charges financières liées à l'assurance peut devenir complexe. Le mandataire doit alors veiller à ce que chaque indivisaire respecte ses obligations de paiement. En cas de non-paiement par l'un des copropriétaires, les autres peuvent être amenés à saisir la justice pour contraindre le défaillant à s'acquitter de sa part. Cette situation souligne l'importance d'une bonne communication et d'une gestion transparente par le mandataire, qui doit tenir une comptabilité précise des versements et informer régulièrement tous les indivisaires de l'état des paiements.
Gestion quotidienne et résolution des litiges par le mandataire

Le suivi des sinistres et la coordination avec l'assureur
Lorsqu'un sinistre survient sur le bien immobilier en indivision, le mandataire devient l'interlocuteur privilégié de la compagnie d'assurance. Il doit déclarer le sinistre dans les délais légaux, généralement cinq jours ouvrés pour un dégât des eaux ou un incendie, et deux jours pour un vol ou vandalisme. Cette réactivité est essentielle pour garantir la prise en charge par l'assureur et éviter tout litige ultérieur. Le mandataire centralise les informations concernant les circonstances du sinistre, rassemble les pièces justificatives nécessaires comme les photographies des dommages, les devis de réparation et les factures, puis les transmet à l'assureur pour instruction du dossier.
La coordination avec l'assureur implique également le suivi de l'expertise qui sera menée pour évaluer l'étendue des dommages et le montant de l'indemnisation. Le mandataire représente l'ensemble des indivisaires lors des visites de l'expert et veille à ce que tous les préjudices soient correctement identifiés et chiffrés. Cette représentation unifiée facilite grandement les échanges et accélère le processus d'indemnisation. Une fois le montant déterminé, le mandataire s'assure que les réparations nécessaires sont entreprises rapidement pour préserver l'intégrité du bien et éviter toute aggravation des dommages. Il peut faire appel à des entreprises pour effectuer les travaux, en veillant à respecter les garanties du contrat d'assurance et les éventuelles franchises prévues.
Le mandataire doit également tenir informés tous les copropriétaires de l'évolution du dossier de sinistre. Cette transparence est fondamentale pour maintenir la confiance entre les indivisaires et éviter les malentendus. Il communique régulièrement sur les étapes franchies, les décisions prises et les montants engagés ou perçus. Si l'indemnisation versée par l'assureur est inférieure aux coûts de réparation, le mandataire peut négocier avec la compagnie ou, si nécessaire, solliciter une contre-expertise pour défendre les intérêts de l'indivision. Dans le cas où le bien est mis en location, le mandataire coordonne également avec le locataire pour organiser les interventions sans perturber excessivement son occupation, tout en respectant ses droits et obligations.
Les situations conflictuelles entre indivisaires et le rôle de médiateur du mandataire
Les divergences entre copropriétaires indivis constituent l'un des défis majeurs de la gestion collective d'un bien immobilier. Ces désaccords peuvent porter sur le choix de l'assureur, le niveau de garanties souhaité, la répartition des charges ou les décisions à prendre après un sinistre. Le mandataire, par sa position centrale et sa neutralité, joue un rôle de médiateur essentiel pour prévenir et résoudre ces tensions. Il doit rappeler à chacun les règles juridiques qui régissent l'indivision, notamment le principe de majorité qualifiée des deux tiers pour les actes d'administration et l'unanimité requise pour certaines décisions importantes.
Lorsqu'un conflit émerge, le mandataire peut organiser des réunions entre les indivisaires pour permettre un dialogue constructif. Il présente les différentes options envisageables, chiffre les conséquences de chaque choix et facilite la recherche d'un compromis acceptable pour tous. Par exemple, si un copropriétaire souhaite souscrire une assurance avec des garanties étendues incluant le vol et vandalisme alors qu'un autre préfère limiter les coûts avec une couverture minimale, le mandataire peut proposer des formules intermédiaires ou rappeler les risques encourus en cas de sous-assurance. Cette fonction de conseil s'appuie sur sa connaissance du droit des successions et des spécificités de l'assurance habitation.
Dans certaines situations, les désaccords peuvent être tellement profonds qu'une intervention judiciaire devient nécessaire. Conformément aux articles 815-4 et 815-5 du code civil, le mandataire ou tout indivisaire peut saisir le tribunal de grande instance pour demander une autorisation d'accomplir un acte nécessaire à la préservation du bien. Cette démarche est particulièrement pertinente lorsqu'un copropriétaire bloque systématiquement les décisions relatives à l'assurance, mettant en péril la protection du patrimoine commun. Depuis la loi du 12 mai 2009, les indivisaires détenant au moins deux tiers des droits peuvent également obtenir une autorisation judiciaire pour aliéner un bien indivis si la situation le justifie. Le mandataire peut accompagner cette procédure en fournissant au juge tous les éléments nécessaires pour éclairer sa décision.
Le mandataire peut également recourir à la résiliation du contrat d'assurance en cas de changement majeur de situation, notamment lors d'une sortie d'indivision ou d'un partage de succession. Grâce à la loi Hamon, après la première année, la résiliation est facilitée avec un préavis d'un mois seulement. Des plateformes comme Luko by Allianz Direct proposent des services de résiliation en ligne rapides et simplifiés. À l'échéance annuelle, un préavis de un à deux mois doit être respecté. En cas de changement majeur comme le décès d'un indivisaire, les héritiers deviennent propriétaires de sa part et doivent être intégrés dans le contrat d'assurance. Le mandataire gère ces transitions administratives en présentant une attestation notariale à l'assureur pour mettre à jour le contrat. Cette adaptation permanente garantit que le bien reste protégé en toutes circonstances et que les intérêts de chaque copropriétaire sont préservés tout au long de la durée de l'indivision.



















